A corps perdus
Pour la rentrée, carte blanche pour L’œil de la femme à barbe à la Galerie Point Rouge.
Les hauts murs, adaptés aux démonstrations puissantes, et la mezzanine qui invite à l'intime accueillent deux artistes dont les œuvres, aussi différentes soient-elles, marquent par leur gravité, leur intranquillité. Les corps se voilent, s'ouvrent et se révèlent, laissant entiers mystère et poésie.
De Frédérique Jacquemin, nous connaissons les Vierges ouvrantes inspirées des sculptures de Nuremberg du XVème siècle. Avec patiente et amoureuse obsession, Frédérique forge « religieusement » son panthéon de figures tutélaires, utilisant céramique à froid, perles, rocaille, verre... Ses sculptures - toutes inquiètes de sexe et de mort – ouvrent leur corps, à la fois sarcophage et coffre, et dévoilent les secrets de l'inconscient. On a pris soin de modeler leur âme à l'intérieur.
Présentés pour la première fois, apparaissent aujourd'hui leurs Fantômes, leurs pendants spirituels. Retrouvant le blanc et le dessin, l'artiste troque les matériaux durs contre le fil, l'aiguille et le tissu. Les Vierges sont alors dépouillées de couleurs et d'apparats. Tout à la fois cocons et linceuls, les Fantômes sont leur état d'effacement, leurs corps perdus.
De son côté, Dider Genty aime les muscles, la circulation sanguine, les dessous de la peau, utilisant ses souvenirs de planches anatomiques en lieu et place de modèles. Sa mémoire est son catalogue : il se fait l'idée d'une tête ou d'un nu, puis il peint. Pour retrouver les sensations éprouvées face à Velasquez, Rembrandt ou Bacon, il trace sur le papier des réseaux cellulaires colorés, irrigués de grandes éclaboussures, qui parlent « d'expression de la plus simple expression ». Au final, un revenant s'impose, paraissant toujours bien vivant mais très écorché, résumé à ses flux, ses nerfs, ses cellules, ses béances... La peinture coule dans ses traits cireux. Du dedans des chairs et des humeurs, grouillent tout en surface et en épaisseur les griffures de la couleur ; sans compromis. Folfiri est le nom de sa chimiothérapique compagne du moment... « Une grosse fatigue, un mauvais goût dans la bouche, le corps est sans doute amoindri, perdu peut-être, mais la peinture reste bien vivante, question de survie ».
● Exposition ouverte dès le mardi 1er jusqu'au dimanche 20 septembre 2015 ●
tous les jours sauf le lundi de 12h à 20h
● Vernissage jeudi 10 à partir de 18h ●
● Goûter de décrochage dimanche 20 à partir de 15h ●
Les rendez-vous de cet événement
Pour vous laisser le temps
1) d'emplir le cartable de ces chères têtes blondes des objets essentiels : ciseaux, crayons de couleur, tubes de peintures...
2) de vous remettre de vos vacances : crapahutage dans les musées du monde entier, visites d'expos incontournables, etc...
Les artistes Frédérique Jacquemin et Didier Genty et L'œil de la femme à barbe vous attendent jeudi 10 septembre à partir de 18h pour fêter la rentrée artistique et boire un verre parmi les œuvres de cette magnifique exposition, dans laquelle nous espérons que vous vous jetterez à corps perdus !
Mais oui, toutes les bonnes choses ont une fin, et les œuvres ont une vie après les expositions. Qu'elles partent vers le foyer de nouveaux amateurs et collectionneurs ou qu'elles rejoignent l'atelier de leur créateur, il faut décrocher et emballer. Ce dimanche 20 septembre sera donc l'occasion de rencontrer une dernière fois les artistes et de vous laisser séduire par leur travail, autour d'un goûter convivial à partir de 15h !
● accueillie par la Galerie Point Rouge ●
4 rue du Dahomey, Paris 11ème
Artistes
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► Film réalisé par News Art Today TV à l'occasion du vernissage