Daniel Conrod

Auteur (essais, fictions, jeunesse) il a été documentaliste et journaliste culturel et a collaboré avec plusieurs scènes nationales et festivals. Comme artiste associé de la MC 93 de Bobigny, il a développé entre 2015 et 2017 un projet en direction des travailleurs sociaux, publié en 2019 (On ne répare pas le monde - Ed. Les solitaires intempestifs). Depuis 1996, huit publications personnelles ont été éditées. photo©Anne Combaz

... dès avant ma naissance, j’avais un contrat sur la tête, notre maison regorgeait de morts, elle ne savait qu’en faire, ils débordaient de partout, un enterrement chassait l’autre - célébration célébrations -, ainsi je regardais la vie le monde les humains autour de moi, comme danse infernale et fééries cruelles et vierges virevoltantes et saintetés plastro-sanguinolantes, exhibant maléfices et sacrifices, et démons en maîtres de cérémonie, leurs somptueuses redingotes et autres beautés pécheresses - célébration célébrations -, desquels les animaux tenaient conciliabules et décidaient de toutes choses, mon père le tyran domestique n’y pouvant rien lui-même, les animaux faisaient la loi, leur langue que je m’étais imaginé connaître, tout autant que je savais celle des morts, et par dessus tout ça, toute lépreuse que fût ma peau, je me voyais, pourquoi pas, exhibant des seins supernautiques, arborer un pénis de belle et bonne taille d’où sortiraient un jour des fleurs sonores qui feraient un bouquet d’artifices, de perles de verre et autres breloques je serais chatoyé, ainsi, j’y croyais dur comme fer, enfer et paradis, j’irais la vie le monde en cortège et musique ma reine poésie tout devant célébration...
(Extrait du texte pour l’œuvre "Célébration" dans le livre "Créatures dépareillées" de Barbara d'Antuono)