Où vas-tu nuage ?

En septembre 2023, Jean Calembert est à la croisée des chemins et termine la promotion de son dernier roman Le Mal-Aimé (après Joe Hartfield, l’homme qui voulait tuer Donald Trump). Il est en contact régulier depuis quatre mois avec un joyeux inconnu qui finalement lui achète ses deux livres par sympathie … en précisant qu’il ne les lira jamais. Interpellé, il découvre que le personnage est un ex-galeriste – Raymond Michel (galerie Michel Ray) – qui a côtoyé pendant 50 ans un certain Jaber, figure de l’Art brut,  dont Jean n’a jamais entendu parler. Coup de foudre… pour Jaber ! Il se renseigne sur l’artiste, pioche sur le net, achète des livres et multiplie les entretiens en « boule de neige » avec des collectionneurs de tout poil (… sans penser à la femme à barbe !) : bijoutier mais pas charcutier, galeriste, bouquiniste, directeur de musée, photographe, biographe, nièce de Jaber, muse, copain tunisien, journaliste et enfin Gail l’épouse de Jaber, que Jean-Hercule Poirot retrouve aux USA. Avec ce terreau d’une richesse incroyable, Jean-Biographe-romancier se sent alors investi d’une mission : un troisième roman ou plutôt une biographie romancée de Jaber. Il est certain que le Jaber dont il rêve jour et nuit et dont il prend la liberté de recréer le personnage est plus vrai que sa caricature stéréotypée : boulanger, boxeur, multi-artiste libre, né riche et mais joyeux pauvre ! Quand le manuscrit est finalisé et, sur les conseils de proches de Jaber, il prend contact avec Ghislaine Verdier pour qu’elle jette un œil d’éditeur (… voire deux !) sur le document. Jean Calembert
L’œil de la femme à barbe n’édite que des livres dans lesquels les œuvres sont au point de départ et au centre du projet, accompagnées de textes critiques ou poétiques… en principe. Depuis quelques temps, l’idée était venue d’une collection « sans images » qui pourrait accueillir les poètes. Récemment, Patrice Bouvier – photographe et ami de Jaber (le roi de Beaubourg) – m’appelle pour me parler d’un projet de biographie romancée de cet artiste très singulier, par un auteur belge, me précisant : « Je sais bien que tu n’édites pas de livres de texte, mais je t’en parle quand même, parce que qu’il s’agit de Jaber et que je trouve le récit intéressant… ». Après une lecture rapide du tapuscrit, j’ai pensé que la caution de Patrice Bouvier était précieuse et que Jaber lui-même serait ravi de cette version fantaisiste de son parcours. Le récit étant parsemé de très beaux portraits en noir et blanc (par Patrice Bouvier), il s’agit donc du premier titre de cette collection Sans image (quoi que…).
En fait, l’avantage d’édicter ses propres règles et d’ériger soi-même des principes, c’est qu’il est facile et sans risque de les transgresser ! L’œil de la femme à barbe